Stéphane Guillon " Les humoristes sont des journalistes de complément"
Dans mes péripéties livresques, j’ai fais l’acquisition du livre de Stéphane Guillon. Si je devais vous donner un conseil de lecture, ça se déguste comme on déguste une bonne salade landaise accompagné d’un verre de Sauternes.
Monsieur Guillon se fait beaucoup décrier ces derniers temps. Même Marianne s’y est mise. Preuve indiscutable de la popularité du sujet - car il est bien connu que Marianne ne fait plus que des articles putassié pour attirer le chaland depuis l’arrivée de notre cher président.
Loin de moi l’envie de dire que tout ce que fait Guillon est géniââââl, tout le monde n'est pas parfait et des fois il se rate. Néanmoins... Il faut lui reconnaître un certain style. C’est pas facile d'emmerder les gens avec panache. C’est un exercice qui se perd.
[Extrait de « Stéphane Guillon, Aggrave son cas » ed.Points ]
Virginie, vous êtes la fille d’un postier et d’une postière. C’est très rare : en tournée, le postier se tape des clientes ; pour se taper une collègue, il faut que les deux itinéraires se croisent.
Premier roman publié en 92, titre légèrement épicé : « Baise-moi ! » La vraie formule c’est : « Baise-moi, s’il te plait ! », surtout si on ne connaît pas la fille. L’idéal, c’est « Bonjour, t’as une clope, baise-moi ! » Après la bagatelle, on a moins envie de discuter, si on a la clope, c’est mieux. Le problème d’intituler un premier roman « Baise-moi ! », c’est qu’après, faut confirmer. Premier roman : Baise-moi !, si le deuxième c’est : « Défrafe mon soutif », la presse est déçue : « Despentes s’assagit, Despentes en pente douce.» Oui, ça c’est le journaliste qu’a beaucoup de talent. Ou alors, faut décliner l’idée : après « Baise-moi !, Bourre-moi !, Déchire moi !, explose-moi !, atomise-moi ! Ou juste un cri : Ah !, ou une giclée… Ou un trou, un trou sur la jaquette, FAUT CONFIRMER !
Maintenant, on a plus de facilité à commander vos livres. Avant on osait pas : « Bonjour, vous avez B… Quelque chose » de Virginie despentes ? Je ne me rappelle plus du titre ? Non, c’est pas « Broute-moi ! », je m’en serais souvenu. Ce qu’on peut faire maintenant, c’est entrer dans la librairie en demandant votre troisième roman : (très snob) « Bonjour, vous avez « Les jolies choses » de Virginies Despentes ? Et je vais prendre son premier roman aussi, elle a bien écrit un premier roman, elle n’a pas commencé par le troisième ! »
C’est comme les gens qui entrent dans un sex-shop pour demander leur chemin : « La rue Pigalle, s’il-vous-plait ? Ah ! Et je vais prendre la petite chose en plastique conique, ne l’emballez pas, c’est pour consommer de suite. » Premier roman »Baise-moi ! » vous mettez la barre très haut… C’est une image ! Ou alors on suit l’évolution du couple, premier roman « Baise-moi ! » Six mois plus tard : « Pas maintenant j’ai du travail ! », Un an après « D’accord, mais tu viens vite », On a aussi : « Ok, mais je continue à lire ». Et puis après ça dégénère : « Pourquoi t’es rentré si tard, Va la voir ta pute, celle que tu baises ». On revient vers une littérature plus trash. On retrouve la Virginie qu’on aime. Enfin, je ne suis pas optimiste. Il paraît qu’en plus, vous ne buvez plus, vous ne vous droguez plus. Votre prochain roman va s’appeler : « Je m’emmerde ! » ou « Je fais des ricochets ! » Remontez la pente, Virginie. J’aurais du être critique littéraire, c’est bête !
Et puis, parce que c'est vraiment trop bon, un petit dernier truc pour la route.
Merci Guillon.