I wanna be your dog
Dans mes aventures quotidiennes, j’ai souvent droit à l’apostrophe masculine.
L’apostrophe masculine est souvent formée d’une seule phrase. « Vous êtes charmante » - ou du moins quelque chose de cet ordre- là.
Il existe pléthores de livres sur la communication Homme/Femme. Je me suis amusée à en lire quelques-uns, ce qui m’a permise de comprendre qu’en effet, la femme est suuuuuuper plus compliquée que l’homme et que l’homme est quand même un fieffé connard. J’ai bien rigolé. Néanmoins il suffit juste d’un peu de jugeotte pour réussir « à peu-près » à se comprendre.
Je garde toujours du respect pour le type qui ose exprimer son opinion sur ma personne et pour être même plus précise, sur mon apparence. Parce qu’il faut quand même en avoir des couilles et malgré le discours ambiant que me sortent les mâles trop timides ou frustrés – à savoir que qui ne tente rien n’a rien – un monde sans communication serait bien chiant. Et parce que moi aussi j’ose de temps en temps ce genre de réflexion métaphysique – certes, uniquement quand je suis bourrée.
Mon attitude habituelle est de répondre à ce message par un sourire, de dire « merci » et de continuer mon chemin. Car contrairement à ce que peuvent penser la plupart des femelles, le fait de sourire aux gens même s’ils ne vous plaisent pas, ça fait pas de mal.
Certes, de temps en temps il existe des relous qui ne pigent pas que si je continue ma route et que je ne me suis pas arrêté, c’est parce que je décline son invitation à dialoguer. Dans ce cas là, pas le choix, je continue à tracer ma route je garde le sourire mais lui explique fermement que non, désolée, pas intéressée… Ca suffit amplement.
Et puis il y a ceux que je croise sempiternellement assis aux terrasses ou devant leur restaurant et qui me voient passer tous les jours. Avec eux s’est lié une espèce de relation cordiale où on me cherche, on souhaite que je m’arrête mais non … Je ne m’arrêterai pas. Je leur parle parfois en passant mais jamais je ne m’arrête. Sachez-le : s’arrêter c’est donner le signal d’un intérêt quelconque.
Ainsi, un soir je passais devant le même café, où était encore assis le même mec que celui d’hier et d’avant-hier, et d’avant-avant-hier. Comme j’étais d’extrême méga-bonne humeur, je lui ai dis un « je voudrais bien m’arrêter mais je sais que si je fais ça, tu voudrais quelque chose en échange. Imagine je te dis que je suis lesbienne ? »
Il a rigolé et a quand même insisté pour m’offrir un verre.
[ … ]
J’ai retrouvé des amis du quartier que je ne revoyais plus autant qu’avant – je suis rentrée dans la « normalité » je ne suis plus un futur pilier de bar. J’ai re--chopé je ne sais plus combien de numéros de téléphone et j’ai rigolé comme je n’avais plus rigolé, de façon simple avec des gens simples. Je voulais m’arrêter et tirer ma révérence tant que je pouvais encore être capable de tenir sur mes jambes, mais on continuait encore et encore à me rincer.
Finalement ma nuit s’est terminée à 5 h00 du mat’. J’ai passé mon lendemain à maudire la bière et à vomir mes tripes dans une bassine. J’ai aussi communiqué mon désespoir de lafilleàlagueuledebois à base de « beeeeeeeuh j’vais crever, help me » au téléphone. Et je me suis jurée de ne plus JAMAIS m’arrêter pour boire un coup avec un homme que je ne connais pas. Il pourrait être le barman.
Pix : Barfly