Don't want a ...
Je vague à l’âme. Je vogue entre deux eaux. Je vaque à des occupations.
Je fais de nouveau l’amour. Depuis peu. C’est amusant.
Je n’osais plus – ou ne voulais plus – faire l’amour depuis ma Catharsis. Je l’ai aimée. Adorée. Déchirée. Harcelée. Je crois que je ne voulais même plus être désirée.
Il n’y a rien de pire que d’intriguer et d’être le désir d’un autre. C’est difficile. On doit accepter des avances ou les refuser. On est celle qui décide. Ce n’est pas la même chose quand on inspire le dégoût. Ce n’est pas la même chose quand on est moche. On ne choisit pas quand on est moche. On subit. C’est dur d’être libre de choisir.
Quand on est moche, les gens qui nous approche… Nous approche pour autre chose que notre apparence. Sans doute que se faire un réseau de connaissance est beaucoup plus dur. Mais ceux qui viennent tout de même viennent pour autre chose qu’un cul.
Celui que je nomme « meilleur ami » m’appelle Callipyge. A cause de mon derrière. J’ai des fesses légendaires. Une ode aux courbes. La poésie des formes. Bootylicious. Il me désire. Il plaisante. Il veut bien qu’on baise, voyons ma chérie ! J’ai droit à des appels de sa part me disant que je suis magnifique. Parfaite. Alors je plaisante aussi. J’en rajoute. Nous nous appelons « Mon amour ».
J’ai eu un message de sa part. Il est devenu barman depuis peu et a des horaires de malade. J’ai peur pour lui parce que je sais qu’il a déjà des problèmes avec l’alcool. Et déjà je perçois les premiers signes de son intoxication : Quand je mets le sujet sur le tapis il s’énerve.
J’aime mon meilleur ami. D’un amour que je ne peux retranscrire ici. Mais je ne veux pas baiser avec lui. Encore moins lui tailler une pipe. Ou faire un truc à trois. Ou quoi que ce soit.
Une fois c’est allé trop loin.
Une discussion avec son colocataire. Tous les deux étaient bourrés. Moi j’étais sobre et je jouais à la console. Je visais des étoiles de shérif. Et son colocataire ne comprenait pas pourquoi nous étions si complice et pourquoi nous ne baisions pas. Alors j’ai tenté d’esquisser une réponse. J’ai expliqué que j’arrêtais de baiser parce que je me respectais. Parce que j’avais aimé quelqu’un. Que j’avais eu mal. Que ma période salope était derrière moi. Son colocataire est très intelligent. Il est encore plus bel orateur que ma personne. Il m’a faite douter. Culpabiliser. Etais-je en train d’agir de la sorte par esprit « petit-bourgeois » ?
Le lendemain je suis partie de chez eux après avoir passé une nuit blanche à me questionner. Et j’ai craqué. Une scène à mon meilleur ami. Sur le respect. Je croyais que cela remettait les choses en place, les disputes, les larmes, le sang … Mais cela n’a rien changé.
J’aime mon meilleur ami. Il m’aime comme un homme désire une femme. Je ne peux rien y changer. Si ce n’est avoir peur et m’éloigner de lui quand il me prend dans ses bras. Me sentir mal à l’aise. Alors je dors dans son cagibi. Et je continuerai toujours de prendre à la rigolade ses remarques machistes parce que c’est mon meilleur ami.
Beaucoup me diront que ce n’est pas mon meilleur ami. Que c’est un homme avant tout. Mais que voulez-vous ? Que je le castre ? Que je lui foute mon poing dans la gueule ? Que je ne lui parle plus ? C’est un homme. Je suis une femme. Ainsi vont les choses. J’attends juste qu’il se marrie ou qu’il devienne PD.
Pix : Traci Lords