Oh Lordy ...
Je le nomme « dépressionisme ».
J’aime beaucoup ce terme inventé. Cela me permet de faire de cette névrose quelque chose de beau et d’artistique. Conserver un flou pictural dans quelque chose que je ne sais pas contrôler. Un peu comme font les Impressionistes, je mets des coups de pinceaux sans suivre des contours. J’aimerai beaucoup être Monet. Mais plus le temps passe et plus j’ai l’impression que je suis Van Gogh.
Il m’arrive parfois de me demander si l’écriture aurait eu ce grand intérêt en ma personne si je n’étais pas atteinte de Dysthymie. Car voici le nom scientifique de ce monstre qui me donne parfois cette peur d’aller dehors. Ce monstre qui m’oblige à trop penser : Dysthymie.
De nouveau sous traitement depuis trois mois et pourtant j’ai comme l’impression que je suis toujours la même, mes réveils intempestifs sont toujours là. Malgré un somnifère et des anxiolytiques que je peux prendre selon besoin. Malgré un antidépresseur… Malgré tout un tas de trucs.
Cela m'exaspère de devoir avaler des cachets quotidiennement, de devoir le faire quand je suis avec des gens. De devoir avouer qu’en effet je suis bel et bien malade.
Ce n’est pas quelque chose qui se voit ni quelque chose que tout le monde peut comprendre. Depuis un malaise que j’ai pu faire à mon école, je n’ose plus remettre les pieds là-bas, je n’arrive plus à faire « l’effort ». Heureusement que je trouve encore les ressources de me rendre à mon travail. Sinon, je coule littéralement.
On me répète qu’il ne faut surtout pas que je culpabilise. Mais lorsque des gens me téléphonent ou me laisse des messages même si ce sont des gens que j’apprécie énormément, je n’arrive pas à répondre. Je me replie. Je me tais. Et certains m’en veulent…
Sauf peut-être quelques uns, qui savent et comprennent.
Ce n’est pas parce que je me replie que je ne fais pas d’effort.
Sachez-le.
Bien avant d’avoir lu Freud, je nommais deux entités: « Naïve » et « Lucide ».
Naïve est celle que je voudrais tellement être.
Lucide est celle qui devrait être.
Et puis moi.
Le jour où j’ai vu en philo cette histoire de ça, moi et surmoi, j’ai compris.
Pour mon plus grand malheur…
Image : Eric Martin
Film : The Hunger- Tony Scott